Imposition des sociétés 

Imposition des sociétés : taux et assiette fiscale en Suisse

Le système fiscal suisse se caractérise par sa structure fédéraliste à trois niveaux qui influence directement l’imposition des sociétés. Cette organisation particulière confère à la Suisse une attractivité reconnue à l’échelle internationale, tout en maintenant une certaine complexité dans l’application des règles fiscales. Les entreprises établies sur le territoire helvétique sont soumises à différents impôts prélevés par la Confédération, les cantons et les communes, chacun disposant d’une autonomie dans la fixation des taux. La réforme fiscale des entreprises entrée en vigueur en 2020 a profondément modifié le paysage fiscal suisse, abolissant les statuts fiscaux spéciaux et introduisant de nouvelles mesures conformes aux standards internationaux.

Structure du système fiscal suisse pour les entreprises

Le système d’imposition des sociétés en Suisse repose sur une architecture à trois niveaux, reflétant l’organisation politique du pays. Cette structure fédéraliste constitue une spécificité helvétique qui influence directement la charge fiscale supportée par les entreprises.

Les trois niveaux d’imposition

Au niveau fédéral, l’impôt fédéral direct sur le bénéfice est prélevé à un taux fixe de 8,5% sur le bénéfice net des sociétés. Ce taux uniforme s’applique à l’ensemble du territoire suisse sans distinction géographique.

Au niveau cantonal, chaque canton dispose d’une large autonomie pour déterminer son propre taux d’imposition sur le bénéfice et le capital des sociétés. Cette liberté engendre une concurrence fiscale intercantonale qui peut se traduire par des écarts significatifs entre les différents cantons suisses.

Au niveau communal, les communes appliquent généralement un multiple de l’impôt cantonal, exprimé en pourcentage ou en fraction de l’impôt cantonal de base. Cette couche supplémentaire accentue les disparités fiscales entre les localités suisses.

Charge fiscale effective

La charge fiscale effective supportée par une société en Suisse résulte de la combinaison de ces trois niveaux d’imposition. Pour une analyse précise, il convient d’additionner l’impôt fédéral direct et les impôts cantonaux et communaux. Les taux d’imposition effectifs varient considérablement selon la localisation géographique, oscillant généralement entre 12% et 24% du bénéfice net.

Cette structure décentralisée offre aux entreprises la possibilité d’optimiser leur charge fiscale en sélectionnant stratégiquement leur lieu d’implantation. Les cantons à fiscalité avantageuse comme Zoug, Schwyz ou Nidwald attirent ainsi de nombreuses sociétés, particulièrement dans certains secteurs d’activité.

Détermination de l’assiette fiscale pour l’impôt sur le bénéfice

L’assiette fiscale pour l’impôt sur le bénéfice des sociétés en Suisse repose sur le bénéfice net comptable, soumis à certains ajustements fiscaux spécifiques. La compréhension précise de ces mécanismes permet aux entreprises d’évaluer correctement leur charge fiscale prévisionnelle.

Du résultat comptable au bénéfice imposable

Le point de départ pour déterminer l’assiette fiscale est le résultat net tel qu’il figure dans les comptes annuels de la société, établis conformément au Code des obligations suisse. Ce résultat fait ensuite l’objet de plusieurs corrections pour obtenir le bénéfice imposable :

  • Réintégration des charges non déductibles fiscalement (amendes, impôts eux-mêmes, libéralités excessives)
  • Déduction des revenus non imposables (dividendes bénéficiant de la réduction pour participations)
  • Ajustements liés aux amortissements et provisions
  • Prise en compte des reports de pertes des exercices antérieurs

Le droit fiscal suisse autorise généralement la déduction des charges justifiées par l’usage commercial, ce qui inclut les frais généraux, les salaires, les amortissements conformes aux pratiques commerciales et les provisions pour risques justifiés.

Particularités de l’assiette fiscale suisse

Certaines spécificités caractérisent l’assiette fiscale helvétique :

La réduction pour participations permet aux sociétés détenant des participations qualifiées dans d’autres entreprises de bénéficier d’une réduction de l’impôt proportionnelle au rapport entre le rendement net des participations et le bénéfice net total. Ce mécanisme vise à atténuer la double imposition économique.

Le report des pertes est autorisé pendant sept ans. Les pertes des exercices antérieurs peuvent être déduites du bénéfice de la période fiscale courante, permettant ainsi de lisser la charge fiscale dans le temps.

Les correctifs de valeur et amortissements sur participations peuvent, sous certaines conditions, être réintégrés fiscalement lorsque la valeur de la participation remonte.

Cette construction de l’assiette fiscale, relativement favorable aux entreprises, contribue à l’attractivité du système fiscal suisse, tout en garantissant une imposition équitable des bénéfices réellement générés par l’activité économique.

Imposition du capital et autres impôts applicables aux sociétés

Outre l’impôt sur le bénéfice, les sociétés établies en Suisse sont soumises à divers prélèvements qui affectent leur charge fiscale globale. Une vision complète du régime d’imposition nécessite de considérer l’ensemble de ces contributions.

Impôt sur le capital

L’impôt sur le capital est prélevé uniquement aux niveaux cantonal et communal. Son assiette est constituée par le capital propre de la société, comprenant le capital-actions ou capital social, les réserves ouvertes et les réserves latentes imposées. Les taux varient considérablement selon les cantons, oscillant généralement entre 0,001% et 0,5% du capital imposable.

Depuis la réforme fiscale de 2020, de nombreux cantons ont fortement réduit leurs taux d’imposition du capital, voire introduit des mécanismes d’imputation de l’impôt sur le bénéfice à l’impôt sur le capital, réduisant ainsi la charge effective sur le capital des entreprises.

Droit de timbre et autres impôts indirects

Les sociétés suisses peuvent être assujetties à plusieurs droits de timbre fédéraux :

  • Droit de timbre d’émission : prélevé lors de la création ou de l’augmentation du capital d’une société, au taux de 1% sur le montant reçu par la société en contrepartie des droits de participation, avec une franchise de CHF 1 million
  • Droit de timbre de négociation : applicable aux transactions sur titres impliquant un commerçant suisse de titres, à des taux variant entre 0,15% et 0,3%
  • Droit de timbre sur les primes d’assurance : touchant principalement les compagnies d’assurance

Par ailleurs, la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) s’applique aux livraisons de biens et prestations de services réalisées par les entreprises dont le chiffre d’affaires annuel dépasse CHF 100’000. Le taux normal est de 7,7%, avec des taux réduits pour certaines catégories de biens et services.

Impôts à la source et conventions fiscales

Les sociétés suisses qui versent des dividendes, intérêts ou redevances à des bénéficiaires non-résidents doivent généralement prélever un impôt anticipé au taux de 35%. Cet impôt peut être réduit, voire supprimé, en application des conventions de double imposition que la Suisse a conclues avec plus de 100 pays.

Ces conventions fiscales internationales jouent un rôle majeur dans l’attractivité fiscale suisse pour les groupes internationaux, en limitant les risques de double imposition et en offrant une sécurité juridique accrue aux investisseurs étrangers.

La réforme fiscale des entreprises et ses impacts

La réforme fiscale et le financement de l’AVS (RFFA), entrée en vigueur le 1er janvier 2020, a profondément modifié le paysage fiscal suisse pour les entreprises. Cette réforme visait à mettre le système fiscal helvétique en conformité avec les standards internationaux tout en préservant l’attractivité économique du pays.

Abolition des régimes fiscaux spéciaux

La principale mesure de la RFFA a été la suppression des statuts fiscaux cantonaux spéciaux qui offraient des avantages fiscaux aux sociétés holding, aux sociétés de domicile et aux sociétés mixtes. Ces régimes, critiqués par l’OCDE et l’Union européenne, permettaient une imposition réduite des revenus d’origine étrangère.

Pour compenser cette abolition, la plupart des cantons ont significativement réduit leurs taux ordinaires d’imposition des bénéfices. Cette baisse généralisée a concerné l’ensemble des entreprises, indépendamment de leur taille ou de leur secteur d’activité, réduisant ainsi l’écart de traitement entre sociétés à statut spécial et sociétés ordinaires.

Nouvelles mesures fiscales compensatoires

La réforme a introduit plusieurs mesures visant à maintenir l’attractivité fiscale de la Suisse :

  • Patent box : imposition réduite des revenus provenant de brevets et droits comparables, avec une réduction pouvant atteindre 90% selon les cantons
  • Déductions supplémentaires pour les dépenses de R&D : possibilité pour les cantons d’accorder une déduction majorée (jusqu’à 150%) des frais de recherche et développement
  • Déduction pour autofinancement : dans certains cantons à forte imposition comme Zurich, possibilité de déduire un intérêt notionnel sur le capital propre de sécurité
  • Déclaration des réserves latentes : mécanismes de transition permettant d’amortir sur une période déterminée les réserves latentes constituées sous l’ancien régime

Ces nouvelles mesures sont toutefois encadrées par une limitation de la réduction fiscale globale, fixée à 70% du bénéfice imposable avant application des déductions.

Impact sur les taux d’imposition effectifs

Suite à la réforme, les taux d’imposition effectifs (combinant impôts fédéral, cantonal et communal) se sont généralement établis entre 12% et 14% dans les cantons les plus compétitifs, et entre 14% et 18% dans les autres cantons. Cette convergence relative des taux a modifié la dynamique de concurrence fiscale intercantonale, tout en maintenant la position avantageuse de la Suisse dans le contexte international.

Défis actuels et accompagnement juridique en matière fiscale

Le paysage fiscal suisse pour les entreprises connaît une évolution constante, influencée par les développements internationaux et les ajustements législatifs nationaux. Ces changements présentent à la fois des opportunités et des défis pour les sociétés opérant en Suisse.

L’implémentation du projet BEPS et l’imposition minimale

La mise en œuvre du projet BEPS (Base Erosion and Profit Shifting) de l’OCDE a conduit la Suisse à adapter progressivement sa législation fiscale. L’adoption prochaine d’un impôt minimum mondial de 15% pour les grands groupes multinationaux représente un nouveau défi d’adaptation pour le système fiscal helvétique.

Les cantons suisses doivent désormais naviguer entre la préservation de leur attractivité fiscale et la conformité avec ces nouvelles normes internationales. Cette tension exige des solutions innovantes que notre étude d’avocats suit avec attention pour accompagner les entreprises dans leur planification fiscale.

L’échange automatique de renseignements et la transparence fiscale

L’adhésion de la Suisse aux standards internationaux en matière de transparence fiscale a considérablement modifié l’environnement opérationnel des entreprises. L’échange automatique de renseignements et les exigences accrues de documentation des prix de transfert nécessitent une vigilance renforcée de la part des sociétés.

Ces obligations de transparence, bien que contraignantes, offrent paradoxalement une sécurité juridique accrue aux entreprises qui adoptent une approche proactive et conforme. La documentation rigoureuse des transactions intragroupe et des positions fiscales devient un élément central de la gestion des risques.

L’accompagnement juridique et fiscal des entreprises

Dans ce contexte d’évolution constante, l’accompagnement par des spécialistes du droit fiscal suisse constitue un atout stratégique pour les entreprises. Notre étude d’avocats propose une approche intégrée qui combine :

  • L’analyse préalable des implications fiscales lors de l’implantation ou de la restructuration d’activités en Suisse
  • L’optimisation légale de la charge fiscale en tirant parti des spécificités cantonales
  • La sécurisation des positions fiscales par l’obtention de rulings auprès des administrations compétentes
  • L’assistance lors de contrôles fiscaux et la représentation dans les litiges avec les autorités
  • Le conseil stratégique pour la conformité avec les évolutions législatives nationales et internationales

La complexité du système fiscal suisse, avec ses trois niveaux d’imposition et ses particularités cantonales, requiert une expertise spécifique pour identifier les opportunités tout en assurant la conformité réglementaire. Les spécialistes fiscaux de notre étude d’avocats maintiennent une veille permanente sur les évolutions législatives et jurisprudentielles pour offrir un conseil adapté aux enjeux contemporains.

La fiscalité des entreprises en Suisse demeure compétitive malgré les ajustements récents, mais son optimisation exige désormais une approche plus sophistiquée et une anticipation constante des changements à venir dans l’environnement fiscal international.

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