Remplir une réquisition de poursuite

Remplir une réquisition de poursuite en Suisse

La réquisition de poursuite constitue la première étape formelle dans la procédure de recouvrement de créances en Suisse. Ce document officiel, adressé à l’Office des poursuites compétent, permet au créancier d’initier une procédure contraignante visant à obtenir le paiement d’une somme due. Souvent redoutée pour sa complexité apparente, la démarche suit néanmoins un cadre précis défini par la Loi fédérale sur la poursuite pour dettes et la faillite (LP). Notre étude d’avocats accompagne régulièrement des clients confrontés à ces procédures, tant du côté des créanciers que des débiteurs. Comprendre les subtilités de ce formulaire et les conséquences de son dépôt s’avère fondamental pour préserver ses droits dans le système juridique suisse, où rigueur et précision sont indispensables.

Fondements juridiques et principes de la réquisition de poursuite

La réquisition de poursuite s’inscrit dans le cadre légal défini par la Loi fédérale sur la poursuite pour dettes et la faillite (LP), texte fondamental qui régit l’ensemble des procédures de recouvrement en Suisse. Cette loi, complétée par l’Ordonnance sur la poursuite pour dettes et la faillite (OLP), établit un système uniforme sur tout le territoire helvétique, bien que l’organisation des offices des poursuites relève de la compétence cantonale.

Le principe fondamental du droit suisse des poursuites réside dans sa nature formelle: l’Office des poursuites n’examine pas le bien-fondé de la créance lors du dépôt de la réquisition. Son rôle se limite à vérifier que les conditions formelles sont remplies avant de notifier le commandement de payer au débiteur. Cette particularité distingue nettement le système suisse d’autres juridictions européennes.

La réquisition de poursuite peut être déposée par toute personne physique ou morale disposant d’une créance pécuniaire, sans qu’il soit nécessaire de produire un titre exécutoire préalable (jugement, reconnaissance de dette). Cette accessibilité représente à la fois la force et la faiblesse du système: si elle facilite l’accès au recouvrement, elle peut parfois donner lieu à des poursuites contestables.

Conditions préalables au dépôt d’une réquisition

  • L’existence d’une créance exigible (montant dû et échéance atteinte)
  • L’identification précise du débiteur et de son domicile ou siège social
  • La compétence territoriale de l’Office des poursuites sollicité
  • Le respect des délais légaux (notamment après une mise en demeure)

Le créancier doit comprendre que la réquisition de poursuite n’est pas simplement une formalité administrative mais un acte juridique aux conséquences significatives. Une réquisition abusive peut engager sa responsabilité civile, voire pénale dans certains cas. Notre étude d’avocats recommande systématiquement une analyse préalable de la situation juridique avant d’entamer cette démarche.

La territorialité joue un rôle déterminant dans cette procédure: la réquisition doit être déposée auprès de l’Office des poursuites du domicile du débiteur (pour les personnes physiques) ou de son siège social (pour les personnes morales). Des règles particulières s’appliquent pour les poursuites en réalisation de gage immobilier, qui doivent être adressées à l’Office du lieu de situation de l’immeuble.

Éléments constitutifs et rédaction du formulaire officiel

La réquisition de poursuite s’effectue au moyen d’un formulaire standardisé disponible auprès des Offices des poursuites ou téléchargeable sur leurs sites internet. Ce document, bien que paraissant simple au premier abord, requiert une attention particulière pour éviter tout vice de forme qui pourrait compromettre la procédure.

Informations obligatoires à fournir

  • Coordonnées complètes du créancier (nom, prénom, adresse exacte)
  • Identité précise du débiteur (avec date de naissance si possible)
  • Montant de la créance en francs suisses, intérêts compris
  • Cause de l’obligation (motif de la dette)
  • Mode de poursuite (voie ordinaire ou poursuite pour effets de change)

La désignation du débiteur constitue un point critique dans la rédaction du formulaire. Pour une personne physique, il convient d’indiquer ses nom, prénom, date de naissance si connue, profession et adresse exacte. Pour une personne morale, la dénomination sociale complète telle qu’inscrite au registre du commerce, son numéro d’identification (IDE) et son siège social doivent figurer avec précision.

L’indication de la cause de l’obligation mérite une attention particulière. Il s’agit d’exposer brièvement mais clairement l’origine de la créance: facture impayée, prêt non remboursé, loyers arriérés, etc. Cette mention, bien que succincte, doit permettre au débiteur d’identifier sans ambiguïté la dette concernée. Une formulation trop vague comme « somme due » pourrait être considérée comme insuffisante.

Le montant de la poursuite doit être précisément détaillé en distinguant:

  • Le capital principal
  • Les intérêts (avec taux et date de départ)
  • Les frais éventuels déjà encourus

La signature du créancier ou de son représentant est indispensable pour valider la réquisition. Si la démarche est effectuée par un mandataire (avocat, fiduciaire), une procuration devra être jointe, sauf si le mandataire est un avocat inscrit dans un registre cantonal. Notre étude d’avocats veille systématiquement à la conformité de ces aspects formels pour garantir l’efficacité de la procédure.

Le formulaire peut être déposé physiquement, envoyé par courrier postal ou, dans certains cantons, soumis par voie électronique. Le paiement de l’émolument (généralement entre 65 et 80 CHF) est requis pour que l’Office traite la demande.

Procédure de dépôt et suivi administratif

Une fois le formulaire de réquisition dûment complété, le créancier doit procéder à son dépôt auprès de l’Office des poursuites compétent. Cette étape marque le commencement officiel de la procédure, avec plusieurs obligations administratives à respecter.

Modalités pratiques du dépôt

Le dépôt peut s’effectuer selon différentes modalités, variant légèrement d’un canton à l’autre:

  • Dépôt physique au guichet de l’Office des poursuites
  • Envoi postal (recommandé de préférence)
  • Transmission électronique via la plateforme e-LP (dans les cantons participants)
  • Par l’intermédiaire du portail en ligne de certains Offices cantonaux

L’avancement technologique a permis une modernisation progressive des services, avec la mise en place du système e-LP dans plusieurs cantons. Ce système permet aux créanciers réguliers (notamment les administrations, assurances et grands créanciers) de transmettre leurs réquisitions par voie électronique, accélérant considérablement le traitement.

Le paiement des frais constitue une condition sine qua non du traitement de la réquisition. L’émolument de base (environ 70 CHF) couvre les frais de notification du commandement de payer. Des frais supplémentaires peuvent s’appliquer selon les démarches nécessaires (recherches d’adresse, notifications à l’étranger, etc.). Ces frais sont avancés par le créancier mais pourront être récupérés auprès du débiteur en cas de succès de la poursuite.

Traitement par l’Office des poursuites

Après réception de la réquisition, l’Office des poursuites procède à un examen formel du document. Il vérifie notamment:

  • Sa compétence territoriale
  • La complétude des informations fournies
  • Le paiement effectif de l’émolument

Si ces conditions sont remplies, l’Office établit un commandement de payer qu’il notifie au débiteur, généralement par l’intermédiaire d’un fonctionnaire assermenté. Cette notification représente un moment décisif dans la procédure, car elle ouvre au débiteur un délai de 10 jours pour faire opposition.

Le suivi de la procédure nécessite une vigilance particulière du créancier. L’Office des poursuites l’informera de la notification du commandement de payer et de l’éventuelle opposition formée par le débiteur. Le créancier doit alors décider de la suite à donner à la procédure en fonction de cette réponse.

Notre étude d’avocats assure un suivi rigoureux des délais et des notifications, élément stratégique dans la conduite efficace d’une procédure de poursuite. Notre expérience démontre que la réactivité dans cette phase administrative conditionne souvent le succès final du recouvrement.

Conséquences juridiques et réactions possibles du débiteur

Le dépôt d’une réquisition de poursuite déclenche une série de conséquences juridiques tant pour le créancier que pour le débiteur. Ces effets s’inscrivent dans un cadre procédural strict qui structure les interactions entre les parties.

Effets immédiats de la notification du commandement de payer

La notification du commandement de payer au débiteur produit plusieurs effets juridiques significatifs:

  • Interruption de la prescription de la créance
  • Ouverture du délai d’opposition de 10 jours
  • Inscription de la poursuite au registre des poursuites
  • Possibilité pour le créancier de requérir la continuation de la poursuite après 20 jours si aucune opposition n’est formée

Cette notification place le débiteur devant un choix stratégique: payer, former opposition ou rester passif. Chaque option entraîne des conséquences distinctes que notre étude d’avocats analyse minutieusement avec les clients débiteurs pour déterminer la meilleure approche.

L’inscription au registre des poursuites mérite une attention particulière. Bien qu’elle ne soit pas publique au sens strict, cette information reste accessible à divers tiers (bailleurs potentiels, établissements de crédit, employeurs) sur présentation d’un intérêt légitime. Cette visibilité peut affecter significativement la réputation financière du débiteur, même si la créance est contestée.

Options du débiteur face au commandement de payer

Le débiteur dispose de plusieurs options face à un commandement de payer:

  • Le paiement intégral: Il éteint la créance et met fin à la poursuite. Le débiteur peut demander une quittance au créancier.
  • L’opposition: Formulée dans les 10 jours, elle suspend provisoirement la poursuite sans que le débiteur ait à justifier sa position. Elle peut être totale ou partielle.
  • La contestation de la compétence de l’Office: Le débiteur peut contester la compétence territoriale de l’Office des poursuites dans les 10 jours.
  • La plainte: En cas d’irrégularité procédurale, le débiteur peut déposer une plainte auprès de l’autorité de surveillance dans les 10 jours.
  • L’inaction: Sans réaction du débiteur, le créancier pourra requérir la continuation de la poursuite après 20 jours.

L’opposition constitue la réaction la plus courante. Sa simplicité (une simple mention « je fais opposition » sur le commandement de payer suffit) en fait un outil de défense accessible à tous. Toutefois, elle ne fait que suspendre temporairement la procédure, obligeant le créancier à obtenir la mainlevée de cette opposition par voie judiciaire s’il souhaite poursuivre le recouvrement.

Pour le créancier confronté à une opposition, plusieurs voies s’ouvrent:

  • La procédure de mainlevée provisoire (si le créancier dispose d’une reconnaissance de dette)
  • La mainlevée définitive (si le créancier possède un jugement exécutoire)
  • L’action en reconnaissance de dette devant le tribunal compétent

Notre étude d’avocats développe des stratégies adaptées à chaque situation, en évaluant les chances de succès de chaque option procédurale en fonction des éléments probatoires disponibles.

Aspects pratiques et stratégies de recouvrement efficaces

La maîtrise des aspects techniques de la réquisition de poursuite ne garantit pas à elle seule un recouvrement effectif. Une approche stratégique globale s’avère nécessaire pour optimiser les chances de récupérer sa créance dans le contexte juridique suisse.

Préparation en amont et documentation de la créance

Avant même d’envisager une réquisition de poursuite, plusieurs démarches préparatoires renforcent considérablement la position du créancier:

  • Constitution d’un dossier probatoire solide (contrats, factures, correspondances)
  • Conservation des preuves d’envoi et de réception des factures
  • Mise en demeure formelle avec délai raisonnable avant poursuite
  • Vérification préalable de la solvabilité du débiteur (extrait du registre des poursuites)
  • Identification précise du débiteur (recherche au registre du commerce pour les personnes morales)

Cette phase préparatoire permet d’évaluer l’opportunité même d’engager une poursuite. Dans certains cas, notre étude d’avocats peut conseiller des alternatives plus efficaces, notamment lorsque la situation financière du débiteur laisse présager une insolvabilité.

La temporalité revêt une importance stratégique dans le recouvrement. Une action trop rapide peut paraître agressive et compromettre la relation commerciale; trop tardive, elle risque de se heurter à une prescription ou à une détérioration de la situation financière du débiteur.

Alternatives et compléments à la procédure de poursuite

La réquisition de poursuite s’inscrit dans un éventail plus large d’options de recouvrement:

  • La négociation d’un plan de paiement échelonné
  • Le recours à un médiateur ou conciliateur
  • La cession de créance à une société de recouvrement
  • L’obtention préalable d’un jugement par la voie civile ordinaire
  • Les mesures provisionnelles en cas de risque de disparition des actifs

La combinaison judicieuse de ces approches permet souvent d’obtenir de meilleurs résultats qu’une poursuite isolée. Notre étude d’avocats privilégie une approche intégrée, où la réquisition de poursuite constitue un levier parmi d’autres dans une stratégie globale de recouvrement.

Pour les créanciers étrangers, des considérations supplémentaires entrent en jeu. La poursuite en Suisse présente des particularités procédurales qui peuvent dérouter les praticiens habitués à d’autres systèmes juridiques. L’élection de domicile en Suisse peut s’avérer nécessaire, et les questions de droit international privé doivent être soigneusement analysées.

La numérisation progressive des procédures offre aujourd’hui des outils facilitant le suivi et la gestion des poursuites. Certains cantons proposent des interfaces en ligne permettant aux créanciers de suivre l’avancement de leurs dossiers en temps réel. Ces innovations technologiques, associées à une expertise juridique solide, contribuent à l’efficacité du processus de recouvrement.

Face à la complexité croissante des situations de recouvrement, notamment dans un contexte économique incertain, notre étude d’avocats développe des approches sur mesure, combinant rigueur juridique et pragmatisme économique pour défendre au mieux les intérêts de nos clients.

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